Du studio de Bamako, à la salle d’exposition du Grand Palais, il n’y a qu’un pas ! Pour la première fois de son histoire, le Grand Palais consacre une exposition monographique à un artiste africain. Et c’est au père de la photographie malienne, Seydou Keïta que revient cet honneur.
Depuis le 31 mars et ce jusqu’au 11 juillet prochain, les oeuvres du père de la photographie malienne, Seydou Keïta (1921-2001) sont exposées au Grand Palais. Une belle rétrospective qui revient sur le travail de ce photographe autodidacte, apprenti menuisier au départ et qui reçu de la part de son oncle un petit appareil Kodak Brownie en 1935. Dès 1945, il se perfectionne auprès du photographe-instituteur Moutanga Dembélé et quelques années plus tard, en 1948, il ouvre son propre studio dans la parcelle familiale situé dans un quartier populaire de Bamako.
Le photographe connaît alors un succès immédiat grâce à ses mises en scène et la qualité de ses tirages. Effectivement, Seydou Keïta aimait présenter ses modèles sous leur plus beau jour en leur proposant des accessoires occidentaux prisés par la jeunesse de Bamako tels qu’un poste de radio, une Vespa, des lunettes ou encore une voiture. Le tout Bamako se presse alors chez lui, notamment la jeunesse urbaine qui devient sa principale clientèle, mais aussi de nombreux voyageurs venant d’Afrique de l’ouest. Seydou Keïta réalise l’essentiel de ses portraits en une seule prise.
Cette rétrospective est organisée chronologiquement, de 1949 à 1962, date à laquelle il ferme son studio pour devenir le photographe officiel du gouvernement de Modibo Keïta, une des figures de l’indépendance du Mali. L’exposition est composée à la fois de tirages argentiques d’époque, mais aussi d’une importante collection de tirages argentiques modernes réalisées entre 1993 et 2011, et signé par Seydou Keïta.
Mort à Paris en 2001, le photographe Seydou Keïta marque la fin de l’époque coloniale et ses codes de représentation pour ouvrir l’ère d’une photographie africaine qui affirme son identité. Là où les “indigènes” étaient représentés de face en tant qu’échantillons anthropologiques d’une tribu, Seydou Keïta incarne le tournant en privilégiant des poses de trois-quarts et la diagonale pour magnifier des personnes et non des sujets. Il a toujours cherché à donner d’eux la plus belle image et il est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands portraitistes du XXe siècle.
Infos pratiques
Du 31 mars au 11 juillet
Lundi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche de 10h à 20h
Nocturne le mercredi de 10h à 22h
Plein tarif : 10€
Tarif réduit : 7€